La Toscane Française

Je me tiens sur le seuil de la vie et de la mort les yeux baissés les mains vides

Et la mer dont j’entends le bruit est une mer qui ne rend jamais ses noyés

Et l’on va disperser mon âme après moi vendre à l’encan mes rêves broyés

Voilà déjà que mes paroles sèchent comme une feuille à ma lèvre humide

Louis Aragon, Les Poètes, 1960

C’est par ces mots, ceux d’Aragon, que je souhaitais introduire ce modeste récit de notre semaine gersoise, pâle évocation d’une aventure inénarrable. Tous les ans ou presque, ALCOR se rend à Fleurance, en cette belle contrée de la Toscane Française (à lire avec l’accent de là-bas) pour l’un des plus grands festivals d’astronomie d’Europe, main dans la main avec Phisis et CurieOsity, les associations de physique de Paris Cité et de Sorbonne Université. Une soixantaine de lurons dans cette joyeuse troupe quand-même (c’est pas rien, c’est pas trois personnes), et Paris-Fleurance ça fait une trotte. Un car est loué avec du côté d’ALCOR le soutien financier de la FSDIE Paris-Saclay. Autant vous le dire tout de suite, les péripéties du bus magique ne furent pas de tout repos, iels en ont même loupé la cérémonie d’ouverture du festival et le banquet qui va avec. Heureusement pour elleux, quelques courageux.euses parti.es en éclaireur -dont votre serviteur- ont réussi à leur sauver quelques tranches de melon pour les sauver de la faim, et esgourder une cérémonie mémorable. Sous les arcades de la mairie de Fleurance, Bruno, inarrêtable président du Festival, entouré des pontes locales (monsieur le maire, monsieur le député, monsieur le sénateur, et oui, du beau monde) nous annonce la couleur : la semaine sera placée sous le signe de Blaise Pascal, de l’éventail (je vous épargne la très longue digression de Bruno, décidément très inspiré) et du changement climatique. Et oui, les astronomes ont beau avoir la tête dans les étoiles, iels ont les pieds bien ancrés sur Terre. Bon mais alors, cette semaine, à la hauteur des attentes ? J’y viens j’y viens, vous énervez pas…

Bruno, son discours sur les doigts de pieds, les gros bonnets du Gers et Tic et Tac.

Le confort est spartiate, le tapis du gymnase municipal (gracieusement prêté par la mairie) pour celleux qui aiment avoir un toit au-dessus de la tête, tente pour les amateur.rices de nature. Ça forge la jeunesse comme on dit ! Si tant est que votre partenaire de tente ne ronfle pas trop (j’en ai encore des acouphènes, merci Maël)… Pour survivre à ces nuits difficiles et être d’attaque dès le matin en conférence, y a intérêt à bien se sustenter. Comment vous dire qu’on a fait le chiffre d’affaires des kebabs fleurantins, niveau malbouffe on s’est hissés à des niveaux états-uniens. On a quand-même fait un tour au marché, histoire de goûter la tambouille locale (les samoussas au confit de canard, hmmmmm) et de commander du vin de pêche par bidons entiers, nectar divin responsable de pas mal de maux de tête – conférencier.ères et festivalier.ères compri.ses.

Notre modeste camp de base.

Et l’astronomie alors ? C’était pas une colonie de vacances, on se fiche de vos sacs de couchage ! Ohlala, ce que vous êtes pressé.es… 

Car oui, le festival de Fleurance, c’est les copains et le confit de canard mais c’est avant tout la Science ! Et il y en a pour tous les goûts -astrophysique, cosmologie, physique des particules, gravitation, chimie, exobiologie- et tous les niveaux, des astronomes en herbe aux types insupportables qui se la pètent parce qu’ils croient tout savoir (genre moi). Du Savoir en veux-tu en voilà, pendant le marathon des sciences (huit heures de conférences sur les controverses scientifiques) et le marathon des transitions (encore huit heures, mais sur le changement climatique), et les cours du soir au matin avec des chercheur.euses de toute la France. Et oui, Fleurance, c’est beaucoup mieux que LinkedIn pour réseauter ! On y croise des célébrités (Etienne Klein, Aurélien Barrau, Cédric Villani évidemment…), des profs brillant.es (surtout celleux de Paris-Saclay, sans chauvinisme) et surtout, SURTOUT, de vieux Alcoriens à qui racketter une cotisation.

Un ancien président qui cotise sur le dos d’un autre ancien président.

Ça va, vous êtes satisfait.es, j’ai rien oublié ? Ah mais si, la cabane et ses secrets, les éperviers à la piscine, les batailles acharnées au quiz… rien que je ne puisse résumer en quelques lignes sans en trahir la substance. Vous l’avez maintenant compris, Fleurance c’est trop slay (pour paraphraser notre Vice-Présidente), et vous n’avez qu’une chose à faire pour vous en convaincre : (re-)signer pour l’été prochain !

Mathieu, pour ALCOR

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ALCOR, ou Astronomie et Lumières du Campus d’ORsay, est une association ouverte à tous qui regroupe principalement des étudiants venus de différents horizons et propose des activités ayant pour objectif la diffusion populaire de l’astronomie auprès de tous ceux qui s’y intéressent.